Le refus de l’accès humanitaire a des effets à long terme sur le bien-être des enfants
Le refus de l’accès humanitaire a des effets à long terme sur le bien-être des enfants et peut conduire à la violation de leurs droits fondamentaux, a expliqué mercredi la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, Virginia Gamba, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
Les garçons et les filles ne le vivent pas de la même manière. Pour les filles, les restrictions peuvent leur barrer l’accès aux points de distribution de l’aide, alors que les garçons, en particulier les adolescents, peuvent être privés d’aide parce qu’ils sont perçus comme appartenant à l’autre partie au conflit, a précisé Mme Gamba devant les membres du Conseil.
Selon le dernier rapport annuel du Secrétaire général, l’ONU a confirmé, en 2022, 3.941 cas de refus de l’accès humanitaire.
Tendance en hausse
La haute responsable de l’ONU a précisé que les données qui seront présentées pour l’année 2024 vont montrer une confirmation « choquante » de cette tendance à la hausse. Elle a imputé ces faits aux lois restrictives, aux décrets et règles administratives et à un contrôle accru des agents humanitaires. Dans certaines situations, des obstacles arbitraires sont érigés comme dans le Territoire palestinien occupé ou en Haïti.
Elle a insisté sur le fait que les Conventions de Genève et la Convention sur les droits de l’enfants contiennent des dispositions claires sur la facilitation de l’aide aux enfants dans le besoin. Elle a appelé toutes les parties à autoriser l’accès humanitaire, à temps et sans entrave, et à assurer la sûreté et la sécurité du personnel et des biens humanitaires.
Les efforts de l’ONU auprès des parties à un conflit pour mettre fin ou prévenir le refus de l’accès humanitaire sont cruciaux, a poursuivi Mme Gamba. À cette fin, il est essentiel de pouvoir disposer d’informations fiables sur la nature et l’ampleur du phénomène, et l’identité des responsables de la violence contre les enfants.
« Nous devons comprendre que les données sur le refus de l’accès humanitaire sont d’une importance capitale pour pouvoir placer sur une base solide le dialogue avec les parties à un conflit, leur rappeler leurs obligations juridiques et les encourager à changer de comportement », a-t-elle expliqué.
Elle a annoncé que son bureau travaille en ce moment sur les directives qu’a demandées le Conseil de sécurité pour améliorer la surveillance de la violation grave qu’est le refus de l’accès humanitaire. Un tel instrument offrira au personnel des directives concrètes sur les nombreuses composantes et les différentes interprétations du refus de l’accès humanitaire comme violation grave des droits de l’homme.
Une violation répandue
Le refus d’accès humanitaire est une violation grave particulièrement répandue, multiforme et complexe, a renchéri Ted Chaiban, Directeur général adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Il a cité la suspension des services essentiels, les restrictions de la circulation des civils pour obtenir assistance et protection, les obstacles bureaucratiques et administratifs, les attaques directes contre les usines d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ou encore les attaques contre le personnel humanitaire et médical. Il en a déploré les conséquences humanitaires dévastatrices pour les enfants.
À Gaza, depuis octobre, les enfants ne peuvent pas accéder à des aliments nutritifs ou des services médicaux ni à suffisamment d’eau chaque jour, a décrit M. Chaiban.
Au Soudan, où se déroule la pire crise de déplacement d’enfants au monde, il a parlé de « niveaux records » d’admission pour le traitement de la malnutrition aiguë sévère, tout en indiquant que l’insécurité empêche les patients et les agents de santé de se rendre dans les hôpitaux et autres établissements de santé.
M. Chaiban a indiqué que la capacité de l’UNICEF à maintenir l’accès humanitaire peut être grandement améliorée avec l’appui du Conseil de sécurité.
Il a demandé de renforcer les exceptions destinées à protéger l’accès humanitaire. De plus, il a souhaité que les agences humanitaires puissent dialoguer avec tous les groupes armés aux fins de l’accès humanitaire aux populations affectées, et ce, sans crainte de conséquences.
Le Conseil doit aussi user de son influence pour faire pression sur les États et les groupes non étatiques pour prévenir et mettre fin au refus d’accès humanitaire aux enfants, a-t-il demandé.
Cet article a été publié dans ONU Info.