Les jeunes de Jérémie engagés pour la paix
Un projet du PNUD, de l' OIM et d’ ONU Femmes en partenariat avec la mairie de Jérémie et le MJSAC engage 500 jeunes.
Est-ce que les jeunes peuvent être des agents de construction de la paix et du développement durable au sein de leur communauté ? La jeunesse de la ville haïtienne de Jérémie, situé dans le département de la Grand ´Anse, est convaincue que la réponse est oui.
Environ 100 jeunes de cette localité ont déjà commencé à assumer activement ce rôle grâce à une initiative pour contribuer à la réduction de la violence à travers une participation renforcée de la jeunesse dans la vie de la communauté, dans les affaires publiques et dans la transformation pacifique des conflits.
Cette initiative, financée par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix (United Nations Peacebuilding Fund), s´inscrit dans le cadre d´un projet inter-agence du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ONU Femmes et l´Organisation Internationale pour la Migration (OIM) en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Action Civique (MJSAC), la mairie de Jérémie et les associations de jeunes de la ville. Le cadre initial d´implémentation du projet est de 18 mois et il est prévu qu´environ 500 jeunes participeront dans les différentes activités.
Une des premières opportunités pour amorcer le dialogue entre les jeunes et les institutions a eu lieu le 12 août dernier à l´occasion de la Journée Internationale de la Jeunesse, focalisée cette année sur le thème « Espaces Sécurisés pour les jeunes ». Dans le cadre de ce projet, environ cent jeunes ont participé à Jérémie à une journée rythmée par la musique de la troupe de Jean Jean Roosevelt et des ateliers pour réfléchir sur les différents types de violence, le développement durable, les défis conjoints de la ville et les possibles solutions.
M. Dorsainvil: « Une fois que les jeunes ont des espaces pour se rencontrer en dehors des situations de violence, une fois que les jeunes peuvent se connaître, la violence commence à diminuer ; si les jeunes ont accès à des opportunités, nous aurons un pays durable »
Le directeur de le MJSAC à la Grand'Anse, Germain Dorsainvil, est convaincu que ce projet et que ces jeunes pourraient devenir clefs pour la paix et pour le développement durable dans la Grand'Anse. « Une fois que les jeunes ont des espaces pour se rencontrer en dehors des situations de violence, une fois que les jeunes peuvent se connaître et s'identifier, la violence commence à diminuer. Aujourd’hui, des jeunes se sont rencontrés lors de la Journée de la Jeunesse, ils se sont parlé, ils ont partagé des idées. C'est un début, et une fois que nous aurons plus d'espaces de rencontre d'une façon periodique - nous parlons aussi des espaces de loisir pour faire du sport, du théâtre, des bibliothèques- nous allons voir des résultats ».
Selon M. Dorsainvil, les jeunes peuvent être des catalyseurs de la paix et du développement, mais, pour cela, ils doivent avoir accès à des opportunités. « Les personnes les plus âgées, nous occupons un poste intérimaire. Nous allons partir et les jeunes vont occuper nos postes pour construire un nouveau pays. Si nous laissons nos jeunes à la dérive, nous perdons le pays. Pour avoir un développement durable, nous devons soutenir nos jeunes, nous devons promouvoir l'éducation, leur offrir des espaces de sport, des opportunités, une bonne santé. Si les jeunes ont accès à ces opportunités, nous aurons un pays durable ».
Marie Cadon Cledanor : « Avoir des espaces où les jeunes peuvent parler, partager des informations et des projets communs est très important, pas uniquement pour nous les jeunes, mais pour Haïti »
Les jeunes participants à l'évènement du 12 août ont également souligné les bénéfices d'avoir des espaces sécurisés pour la participation des jeunes. Pour Marie Cadon Cledanor, « avoir des espaces où les jeunes peuvent parler, partager des informations et des projets communs est très important, pas uniquement pour nous les jeunes, mais pour Haïti ». Cette opinion est partagée par Céline Richard Flore Philippe, qui considère que ce type d'espaces sécurisés « sont très importants parce qu'ils permettent aux jeunes de se développer et d'offrir le meilleur d'eux-mêmes ».
Céline Richard Flore Philippe: « Les espaces sécurisés pour les jeunes sont très importants parce qu'ils permettent aux jeunes de se développer et d'offrir le meilleur d'eux-mêmes »
Un projet à deux volets pour renforcer les compétences des jeunes et pour sensibiliser la communauté
Le premier volet du projet financé par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix à Jérémie a pour objectif de renforcer les compétences des jeunes et de favoriser leur participation active et équitable aux affaires publiques de la ville en dialogue continu avec les autorités et les acteurs locaux. Cela inclut, entre autres, la promotion des mécanismes pour la participation des jeunes dans les affaires publiques, la création d'espaces culturels, sportifs et de dialogue pour la réduction de la violence, ainsi que la formation des jeunes dans des aspects tels que la participation citoyenne, la transformation des conflits, l'égalité de genre, la prévention de la violence basée sur le genre, l'entreprenariat et l'innovation.
Un deuxième volet du projet cible la sensibilisation de la communauté et des institutions pour contribuer à la promotion de la culture de la paix à travers l'implication active des jeunes de la ville dans la transformation pacifique des conflits. Cela implique des actions telles que des diagnostiques participatifs des causes de la violence et des zones non sécurisées de la ville, avec une attention particulière à la violence basée sur le genre, la création des espaces de dialogue intergénérationnel et la mise en place de mécanismes de prévention et de gestion des conflits.