Alors que les gangs continuent d’utiliser les violences sexuelles pour répandre la peur sur Haïti et étendre leur contrôle sur un pays miné par l’insécurité, les agences humanitaires des Nations Unies se sont inquiétées de la « hausse alarmante » des violences sexuelles dans ce pays des Caraïbes.
Compte tenu des conditions de vie dans les sites de personnes déplacées, les femmes et les filles sont particulièrement menacées par la violence sexuelle et fondée sur le genre.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le nombre de cas des violences basées sur le genre rapportés a connu une « augmentation alarmante ».
Cette alerte d’OCHA intervient alors qu’avec le regain de violences liées aux activités des groupes armés à Port-au-Prince depuis le 29 février, des milliers de personnes ont été tuées, blessées ou obligées de se déplacer en quête de sécurité et de protection.
Le nombre de cas a quintuplé au premier trimestre de l’année
Le nombre des survivant(e)s aux violences basées sur le genre a quintuplé entre les deux premiers mois l’année et mars, passant de 250 à 1.543. Les violences sexuelles représentent 75% des incidents rapportés. Parmi les survivants, 80% sont des femmes et 16 % des filles.
Au total, près de 80% des survivants sont des personnes déplacées et plus de 70 % des incidents seraient commis par les auteurs des attaques.
Face à ces chiffres alarmants, les organisations humanitaires continuent d’organiser des activités de prévention et de sensibilisation. Elles fournissent ainsi un soutien psychosocial et des soins médicaux.
Un millier d’enfants dont plus de 600 filles ont reçu de la part des partenaires du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), un soutien psychosocial à Port-au-Prince, à Delmas, à Pétion-ville et sur un site de la commune de Tabarre du 8 au 15 mai dernier.
Plus largement, l’OCHA note que la violence continue de prévaloir dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince où des attaques coordonnées continuent d’affecter des milliers de personnes. Le 10 mai, une attaque dans la commune de Gressier a causé le déplacement d’environ 4.400 personnes.
Reprise de la distribution de vivres à Cité Soleil
Au total, 10.000 personnes se sont déplacées à la suite des attaques dans les communes de Delmas et de Gressier, depuis le 25 avril dernier.
Sur le plan humanitaire, après un blocage de deux mois pour des raisons sécuritaires, le Programme alimentaire mondial (PAM) a repris depuis la semaine dernière la distribution de vivres à Cité Soleil, une zone très vulnérable de Port-au-Prince. A la fin de cette opération, cette semaine, 95.000 personnes auront reçu de l'assistance.
De son côté, le secteur logistique a affrété le 15 mai dernier un navire pour transporter 11 camions chargés de 220 tonnes de nourriture pour une ONG afin de réapprovisionner plusieurs centres de distribution alimentaire de Port-au-Prince vers la région Sud du pays.
A noter que le plan de réponse humanitaire de 674 millions de dollars n’est à ce jour financé qu’à hauteur de 17%. Seuls 111 millions de dollars ont été reçus.
Cet article a été publié dans ONU Info.