Haïti : le chef de l’ONU attend de nouveaux progrès dans la transition politique
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, se félicite de la désignation par le Conseil présidentiel de transition de Garry Conille au poste de Premier Ministre par intérim d'Haïti et attend avec impatience de nouveaux progrès dans la mise en place des modalités de gouvernance transitoire, a dit vendredi son porte-parole.
Le chef de l’ONU « encourage toutes les parties prenantes haïtiennes à travailler ensemble pour garantir des progrès constants dans la transition visant à restaurer les institutions démocratiques grâce à la tenue d'élections », a dit le porte-parole, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse.
« Le Secrétaire général souligne également l'importance d'assurer une transition politique inclusive en Haïti, notamment en nommant des femmes à des postes de décision », a-t-il ajouté, soulignant qu’il demeure « essentiel que les progrès dans la transition politique s’accompagnent de gains de sécurité dont il y a un besoin urgent ».
Le Secrétaire général réitère son appel au déploiement rapide de la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti pour aider la Police nationale haïtienne à faire face à la situation sécuritaire désastreuse et appelle de toute urgence tous les États membres à veiller à ce que cette mission reçoit rapidement le soutien financier et logistique dont elle a besoin pour réussir.
Vol cargo humanitaire
Le porte-parole a en outre indiqué que le vol cargo humanitaire opéré par le Service aérien humanitaire des Nations Unies a pu voler jeudi de Panama à l'aéroport de Port-au-Prince. « C'est la première fois qu'un vol cargo de l'ONU atterrit dans la capitale en trois mois », a-t-il précisé.
Le vol a transporté environ 15 tonnes de médicaments et de fournitures médicales pour soutenir les opérations de l'UNICEF et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Cela permettra de soutenir des opérations vitales alors que l'insécurité continue de restreindre l'accès des populations aux soins de santé, principalement dans la zone métropolitaine de la capitale Port-au-Prince et dans le département de l'Artibonite », a dit M. Dujarric, notant que les autorités haïtiennes, l'OMS et les ONG locales continuent de fournir une large gamme de services aux personnes déplacées, notamment le dépistage de la malnutrition, la prévention du choléra et un soutien psychosocial.
« Nous espérons qu'avec l'ouverture progressive de l'aéroport international, davantage de fournitures pourront être acheminées, pour lesquelles le soutien des donateurs est indispensable », a-t-il dit, précisant que le plan de réponse humanitaire pour Haïti, qui prévoit 674 millions de dollars, n'est financé qu'à hauteur de 21%, avec seulement 142 millions de dollars octroyés.
Recrutement d’enfants par des groupes armés
De son côté, l'UNICEF a tiré la sonnette d'alarme concernant le recrutement et l'utilisation d'enfants par des groupes armés en Haïti.
Les groupes armés compteraient parmi leurs effectifs, selon les estimations des Nations Unies, 30 % à 50 % d’enfants, lesquels sont victimes de coercition, d’abus et d’exploitation dans un contexte persistant de fragilité sociale, économique et politique alimentée par la violence incessante qui a plongé diverses régions du pays dans le chaos.
En Haïti, où 90 % de la population vit dans la pauvreté, les enfants se trouvent dans une situation critique, trois millions d’entre eux ayant toujours besoin d’une aide humanitaire urgente. Dans le même temps, les perturbations politiques qui sévissent depuis des années, conjuguées aux conditions économiques catastrophiques, ont conduit à la prolifération de groupes armés, dont un nombre croissant d’enfants du pays se voient contraints de grossir les rangs faute d’autres moyens de survie ou de protection, ce qui constitue une violation manifeste de leurs droits.
« Les enfants en Haïti sont pris dans un cercle vicieux de souffrance : ils sont poussés à rejoindre les groupes armés par pur désespoir, notamment en raison de la violence, de la pauvreté et de l’effondrement des systèmes qui devraient les protéger », a déclaré Catherine Russell, Directrice exécutive de l’UNICEF.
« Les enfants recrutés par les groupes armés se voient assignés diverses tâches, comme la cuisine, le ménage, le guet ou encore le rôle ‘d’épouses’. Tous perdent non seulement leur innocence, mais aussi tout lien avec leur communauté. Cette situation engendre des conséquences tragiques pour chacun des enfants concernés », a-t-elle ajouté.
Selon la cheffe de l’UNICEF, il convient par conséquent de prendre des mesures concrètes visant à garantir en priorité la protection et le bien-être des enfants en Haïti, en agissant notamment pour mettre un terme en toute sécurité à l’association de ces derniers aux groupes armés, veiller à leur réintégration dans la société et leur fournir un accès sûr aux services et aux soutiens essentiels.
D’après les dernières estimations, plus d’un demi-million d’enfants en Haïti vivent dans des quartiers contrôlés par des groupes armés, ce qui augmente le risque qu’ils soient recrutés ou victimes de violence.
Le recrutement et l’utilisation d’enfants par les groupes armés constituent une violation grave de leurs droits, et l’enrôlement d’enfants de tout âge dans des groupes armés est une infraction manifeste au droit international, rappelle l’UNICEF, qui a récemment convenu avec les ministères haïtiens de la Justice, de l’Education, et du Travail et des Affaires sociales d’œuvrer conjointement à la réintégration des enfants ayant été associés à des groupes armés.
Cet article a été publié dans ONU Info.