Haïti : le Conseil de sécurité autorise le déploiement d’une mission de sécurité internationale
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Le Conseil de sécurité a adopté lundi une résolution dans laquelle il autorise le déploiement d’une mission de sécurité internationale pour appuyer la police haïtienne à faire face aux gangs.
Dans cette résolution adoptée par 13 votes en faveur et 2 abstentions (Russie et Chine), le Conseil « autorise les États Membres qui ont informé le Secrétaire général de leur participation à constituer et à déployer, dans le strict respect du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme, une mission multinationale d’appui à la sécurité, dont un pays prendra la tête, en coopération et coordination étroites avec le Gouvernement haïtien, pour une période initiale de douze mois à compter de l’adoption de la présente résolution ».
Appel lancé par le Premier ministre haïtien
Lors du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies, fin septembre, le Premier ministre Ariel Henry, a réclamé l’envoi d’une mission multinationale pour aider son pays à faire face à une crise de violence et d'insécurité causée par l'activité de gangs criminels bien implantés.
« Au nom des femmes et des filles violées chaque jour, des milliers de familles chassées de leur foyer, des enfants et des jeunes d'Haïti qui se sont vu refuser le droit à l'éducation et à l'instruction, au nom de tout un peuple victime de la barbarie des gangs, je demande instamment à la communauté internationale d'agir rapidement », avait-il déclaré.
Dans sa résolution adoptée lundi, le Conseil de sécurité indique que l’exécution de cette opération temporaire sera financée au moyen des contributions volontaires des États Membres et des organisations régionales et avec leur appui, « en vue de soutenir l’action menée par la Police nationale d’Haïti pour rétablir la sécurité en Haïti et créer les conditions de sécurité propices à la tenue d’élections libres et régulières ».
La mission internationale est chargée de fournir un appui opérationnel à la police haïtienne, alors que celle-ci s’emploie « à lutter contre les bandes et à améliorer les conditions de sécurité dans le pays, où règnent enlèvements, violences sexuelles et fondées sur le genre, traite des personnes, trafic de migrants, contrebande d’armes, homicides, exécutions extrajudiciaires et recrutement d’enfants par des groupes armés et des réseaux criminels ».
Fournir des moyens
La mission est aussi chargée de fournir un appui à la Police nationale d’Haïti pour que soit assurée la sécurité des infrastructures critiques et des lieux de transit comme l’aéroport, les ports, les écoles, les hôpitaux et les principaux points d’intersection.
Le Conseil de sécurité demande à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) de contribuer à permettre aux personnes qui reçoivent une assistance d’accéder, sans entrave et en toute sécurité, à l’aide humanitaire.
Il décide que, pour prévenir les pertes en vies humaines, la Mission multinationale peut adopter à titre exceptionnel des mesures temporaires d’urgence de portée limitée pour aider la police haïtienne « à maintenir l’ordre public et la sécurité publique, y compris en procédant si nécessaire à des arrestations et à des mises en détention ».
Le Conseil de sécurité demande aux États Membres et aux organisations régionales de fournir d’urgence du personnel, du matériel et les moyens financiers et logistiques nécessaires à la Mission multinationale d’appui à la sécurité.
Lueur d'espoir
Jean Victor Généus, le ministre des Affaires étrangères d'Haïti – qui n'est pas actuellement membre du Conseil de sécurité – a remercié les ambassadeurs pour leur soutien et pour avoir présenté cette résolution historique.
« Plus qu'un simple vote, il s'agit en réalité d'une expression de solidarité avec une population en détresse », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que la résolution est une lueur d'espoir pour le peuple haïtien qui subit depuis trop longtemps les conséquences d'une crise multidimensionnelle.
Il a exhorté les États membres à s'engager dans la mission « le plus rapidement possible » pour contribuer à restaurer un environnement sûr et stable et à rétablir les institutions démocratiques.
Fin juillet, le Kenya a annoncé qu'il envisageait de diriger l'effort multinational de soutien à la sécurité en Haïti. Le Président kenyan William Ruto a déclaré, lors de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale, fin septembre, que la gestion de la situation en Haïti était le « test ultime de la solidarité internationale et de l'action collective ».
Martin Kimani, Ambassadeur et Représentant permanent du Kenya (qui n'est pas non plus membre actuel du Conseil) a rappelé lundi l'offre de son pays de diriger la mission et a remercié le Conseil d'avoir répondu dans un « esprit de coopération exemplaire ».
Droits de l'homme en Haïti : en bref
• La situation des droits de l'homme est marquée par des attaques brutales, notamment des meurtres aveugles et des enlèvements visant la population civile.
• Intensification de la violence armée et des attaques de gangs contre la population.
• Des gangs ont utilisé des tireurs d'élite sur les toits pour tirer sans discernement sur les gens.
• Des pillages massifs et des incendies de maisons ont entraîné le déplacement de milliers de personnes.
• La violence sexuelle, y compris le viol collectif, est utilisée par les gangs pour terroriser en particulier les femmes et les filles.
• L'émergence de mouvements d'autodéfense présente un niveau de complexité supplémentaire à une situation sécuritaire déjà très difficile.
• Les institutions nationales sont mal équipées pour rétablir l'Etat de droit.
• La stabilisation de la situation sécuritaire en Haïti nécessitera un soutien important à la police nationale.
Cet article est paru pour la première fois dans ONU Info.