Ulrika Richardson : Les Nations unies engagées dans une course contre la montre en Haïti
La réunion des Nations unies s’est achevée jeudi dernier à Doha
La Conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés (PMA) est un événement qui se tient tous les dix ans et qui réunit les dirigeants des 46 pays les moins avancés du monde, parmi lesquels Haïti, pour discuter des défis auxquels ces pays sont confrontés en matière de développement économique, social et environnemental.
Ces pays sont considérés comme les plus vulnérables de la planète, avec des niveaux de pauvreté élevés, des infrastructures insuffisantes ou inexistantes, et une économie peu développée.
La cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (LDC5) qui s’est tenue la semaine dernière à Doha (Qatar) s'est achevée jeudi avec l'adoption de mesures concrètes pour mettre en œuvre le Programme d'action de Doha - qui vise à renouveler et à renforcer les engagements entre les PMA et leurs partenaires de développement - marquant un tournant décisif pour les pays les plus vulnérables du monde.
Cette conférence intervient à un moment crucial, puisque le calendrier de réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) d'ici à 2030 arrive à mi-parcours cette année.
Au total, 5 000 participants ont participé à l’évènement, dont 47 chefs d'État ou de gouvernement, et 130 ministres et vice-ministres.
Dans son allocution de bienvenue, le chef de l'ONU a souligné que le coût de la vie devenait de plus en plus difficile en raison de la guerre en Ukraine, qui a entraîné une hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. Cette situation, combinée aux effets des conflits, de la sécheresse, de la faim et de l'extrême pauvreté, crée un environnement qui alimente la pauvreté et l'injustice.
"Pour vos pays, les progrès dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) - à commencer par l'éradication de l'extrême pauvreté et l'élimination de la faim - ne se résument pas à des lignes sur un graphique menant à 2030", a déclaré le Secrétaire général. "C'est une question de vie ou de mort et il est inacceptable que vous soyez freinés par des processus et des décisions qui sont prises bien au-delà de vos frontières."
"Les systèmes sont insuffisants ou inexistants, qu'il s'agisse de la santé, de l'éducation, de la protection sociale, des infrastructures ou de la création d'emplois. Et la situation ne fait qu'empirer", a déclaré le Secrétaire général António Guterres.
Face à des défis aussi importants, le Secrétaire général a déclaré que les PMA avaient besoin d'une « révolution du soutien. »
Également présente à la conférence, la vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed insistait sur la réalisation des Objectifs de développement durable dans les pays les moins avancés, qui représentait selon elle « un test décisif pour la réalisation de l'Agenda 2030 dans son ensemble, notamment en veillant à ce que personne - et aucun PMA - ne soit laissé pour compte. C'est pourquoi le programme d'action de Doha doit être considéré comme un vecteur d'accélération des ODD."
Les Nations unies engagées à rester sur place et à respecter le serment qu'elles ont fait aux haïtiens
Peut-être plus que tout autre pays, Haïti illustre les défis auxquels sont confrontés les PMA et les petits États insulaires en développement.
Durant cette conférence, la Coordonnatrice Résidente et Humanitaire de l'ONU dans le pays, Ulrika Richardson, a déclaré être présente à Doha « pour tirer la sonnette d'alarme au sujet d'Haïti et de son peuple, qui fait face à l’une des périodes les plus difficiles de son histoire récente et qui se caractérise par sa résilience. Le monde dispose des outils nécessaires. Nous disposons d'un cadre cohérent. Nous avons maintenant besoin d'une solidarité mondiale. »
Selon elle, cette conférence devait être l'événement déclencheur d’un véritable changement pour tous les Haïtiens.
Lors de la réunion entre les Coordonnateurs Résidents de l'ONU et les points focaux nationaux des PMA, Mme Richardson a décrit un pays bloqué par une vague croissante de crises multidimensionnelles, d'insécurité, d'instabilité et d'incertitude.
Les Nations unies engagées dans une course contre la montre en Haïti
« La violence a atteint des niveaux sans précédent, avec des gangs armés qui se disputent le territoire - cette situation a conduit non seulement à une crise humanitaire, avec un Haïtien sur deux ayant besoin d'une aide alimentaire urgente, mais aussi à l'annulation de certains progrès importants en matière de développement comme l’impossibilité d’accéder aux services sociaux de base, tels que l’éducation ou la santé. »
Dans un tel contexte, on assiste à une recrudescence des violations des droits de l’homme avec un lourd tribut payé par des femmes et des filles victimes de violences sexuelles.
Et Ulrika Richardson de conclure : « Pour de nombreux Haïtiens, la vie est devenue une question de vie ou de mort, et un trop grand nombre d’entre eux a déjà choisi de quitter le pays, parfois au péril de leur vie.
Les accords conclus cette semaine à Doha soulignent la nécessité de réaliser un changement transformationnel qui permettra de repartir de façon plus équitable les acquis sociaux et économiques, pour passer du potentiel à la prospérité…pour tous.