Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes Cérémonie commémorative et de lancement de la campagne par le Gouvernement haïtien
Message de la Coordonnatrice Résidente des Nations Unies en Haïti, Ulrika Richardson
Excellence, Madame la Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, Dr Sofia Loreus
Mesdames, Messieurs, les cadres du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes et cadres des ministères sectoriels présents
Chers partenaires de la société civile, des organisations de défense des droits des femmes
Mesdames, Messieurs, Représentantes et Représentants d’agences de coopération
Chers Collègues chefs d'agences des Nations Unies
Mesdames, Messieurs de la presse écrite, audio-visuelle et en ligne
Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades, titres et qualités
Je suis honorée d’être en votre compagnie pour célébrer cette journée phare.
Aujourd’hui, le monde et Haïti commémorent la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Marquant le lancement des 16 jours d’activisme, cette journée est un appel à l’action. Pour nous toutes et tous.
Aujourd’hui, nous nous devons d’éveiller nos consciences.
Nous nous devons de renouveler nos engagements.
Nous nous devons de réaffirmer notre responsabilité collective, pour assurer de véritables progrès en faveur de cette lutte sans relâche qu’est l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles.
Nous sommes dans une lutte pour une société véritablement libérée de toutes formes de violence, discrimination et stigmatisation, pour créer une société dans laquelle chaque Haïtienne et Haïtien ont les mêmes opportunités.
Mesdames et Messieurs,
Le nombre de femmes et de filles victimes de violence en Haïti, tant dans la sphère privée que dans la sphère publique, doit nous interpeler, nous indigner, nous exaspérer et nous mettre en rage.
Nous sommes tous conscients de la violence sexuelle glaçante à laquelle font face les femmes et les filles de certains quartiers sensibles de Port-au-Prince par les gangs armés (Croix-des-Bouquets, Cité Soleil, Tabarre, Village de Dieu, Martissant et d’autres).
Aujourd’hui, je veux témoigner de ma solidarité auprès de toutes ces femmes, mères, sœurs, filles, épouses, citoyennes et professionnelles de tout genre, qui sont touchées dans leur dignité et qui, le plus souvent, souffrent en silence et dans la peur.
Lors d’une récente visite que j’ai effectuée au centre d’accueil de survivantes de violence de l’organisation Rapha House, j’ai pu constater de près la douleur ces femmes et filles, mais aussi leur capacité de résilience et leur volonté de mener une vie normale.
J’ai écouté leurs histoires, leurs douloureux périples vers la reconstruction.
J'ai aussi ressenti leurs espoirs et aspirations à une vie meilleure.
Leur courage, sans égal, ne doit pas être négligé.
Il nous oblige à agir, maintenant et de façon décisive.
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à féliciter le Gouvernement, les institutions publiques et particulièrement le ‘Ministère à la Condition Féminine et aux droits des femmes’ pour son leadership et ses efforts visant à éliminer la violence faite aux femmes en Haïti.
Je veux surtout saluer l’engagement des organisations de base, de femmes et de défense des droits des femmes dont les actions ont permis des avancées certaines dans la lutte contre ce fléau ici en Haiti.
Les acteurs de la société civile et particulièrement les organisations féministes et féminines constituent nos meilleures armes pour une action plus intégrée entre les acteurs de développement, de la consolidation de la paix et les acteurs humanitaires.
Je souhaite également apprécier l’engagement de l’Union Européenne et de tous les partenaires techniques et financiers pour leur action aux côtés des Nations Unies et du peuple haïtien dans ce combat, notamment au travers de l’Initiative Spotlight.
Aujourd’hui, je renouvelle l’engagement total des Nations Unies à continuer à soutenir chaque femme et fille en Haïti, ainsi que le Gouvernement, et à s'attaquer aux causes profondes de la violence sexuelle.
Mesdames et messieurs,
En Haïti – comme dans le monde entier - les violences faites aux femmes et aux filles ont un coût terrible.
Elles limitent leur participation dans toutes les sphères de la vie, elles les privent de leurs droits et libertés fondamentales et elles entravent la reprise économique équitable et la croissance durable dont le pays a pourtant tant besoin.
En tant que Coordonnatrice Résidente du système des Nations Unies en Haiti, je ne cesserai de mobiliser les Nations Unies et nos partenaires afin de renforcer la prévention de la violence par la promotion de normes sociales positives, améliorer l’accès des survivantes aux services d’assistance, et combattre l’impunité dont jouissent les auteurs de violence.
Comme le rappelle le thème de cette année, « Tous Unis : Militons pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles », je me tiens aux côtés de celles et ceux qui militent dans le pays pour faire advenir le changement et aider les survivantes de la violence.
Je suis une femme. J’ai 57 ans. Je suis une mère. Je suis une professionnelle de développement avec 30 ans de service auprès de Nations Unies.
J'ai vu et vécu la violence dans nos sociétés, à tous les niveaux, et à quel point cette violence est dévastatrice. Elle laisse des plaies.
Sur la peau ces cicatrices guérissent. Mais les cicatrices les plus dures restent. En tant que femmes ou filles, nous avons peu de chance en face d'un homme plus grand et plus fort. Nous avons peu ou n’avons pas de chance là où les lois et la justice ne sont pas de notre côté.
J’ai vu comment les pays qui investissent dans leurs femmes and filles, dans l’égalité, dans la justice formelle et la justice sociale, avancent mieux.
Croire à une société égale, sans violence, est possible.
Croire à une égalité réelle entre les hommes et les femmes dans la vie privée et dans la vie publique : c’est cela être féministe.
Je vous appelle à me rejoindre.
Dès aujourd’hui, agissons et faisons entendre nos voix pour défendre les droits des femmes.
Ensemble, déclarons avec fierté que nous sommes féministes.
La lutte contre la violence est un long combat continu, difficile. Mais c'est un combat juste !
C'est un combat qui transforme une jeune victime en survivante, une femme résolument engagée.
C’est un combat qui a le pouvoir de transformer les sociétés.
C'est un combat que nous gagnerons. Toutes et tous ensemble.
C'est un combat pour l'honneur de l'humanité.
Et je suis avec vous! Femmes d'Haïti!
‘’Nan tèt ansanm, nap konbat tout fòm vyolans ant fanm ak tifi , ann pote kole“
Je vous remercie.