Comment le recyclage peut aider à lutter contre la migration dangereuse en provenance d'Haïti
La migration dangereuse des personnes en provenance d'Haïti pourrait être réduite grâce à une initiative de recyclage qui vise à protéger l'environnement.
L'initiative lancée par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ne contribuera pas seulement à améliorer l'environnement, elle pourrait également fournir de nouveaux logements résistants aux catastrophes naturelles.
A l'approche de la Journée internationale des migrants, célébrée chaque année le 18 décembre, ONU-Haïti examine comment le recyclage pourrait contribuer à ce que les gens restent chez eux plutôt que de risquer de migrer par des voies non officielles ou irrégulières.
Quel est l'état de l'environnement en Haïti ?
Depuis plusieurs décennies, l'environnement naturel d'Haïti subit de fortes pressions : l'érosion des sols, les glissements de terrain liés à la déforestation, l'augmentation de la pollution, la mauvaise gestion des déchets, l'urbanisation anarchique et une série de catastrophes naturelles ont conduit à la détérioration de l'environnement. Les effets du changement climatique exacerbent cette situation
Ces conditions fragilisent le pays, entraînant une insécurité alimentaire et une augmentation des migrations.
La gestion des déchets reste très rudimentaire en Haïti et bien pire que dans les autres pays de la région. Le recyclage est une initiative permettant de réduire les déchets, d'améliorer l'environnement et apporte un certain nombre d'avantages bien qu’à une échelle limitée.
Quelles sont les tendances migratoires actuelles en Haïti ?
Un nombre croissant de migrants quitte Haïti pour diverses raisons. La pauvreté et les défis économiques, notamment le manque d'emplois et d'opportunités sont déterminants. Mais les préoccupations liées à la sécurité, notamment dans la capitale Port-au-Prince, sont également significatives.
Le tremblement de terre d'août 2021 et des défis largement liés au climat sont d'autres facteurs qui poussent les gens à quitter leur foyer.
La migration n'est pas un problème en soi ; le problème est qu'une grande partie des personnes qui partent sont parmi les plus pauvres et les plus vulnérables. Elles sont plus susceptibles de migrer de manière non officielle ou irrégulière, en particulier par la mer, ce qui peut souvent être plus dangereux qu'une migration planifiée.
Ces deux questions semblent distinctes... comment sont-elles liées ?
L'une des causes du désir des haïtiens de quitter leur pays est la dégradation de l'environnement, notamment la déforestation et l'érosion des sols. Cela signifie que de nombreuses personnes ne peuvent plus vivre là où elles sont et s'enfoncent davantage dans la pauvreté. C'est particulièrement vrai dans les zones rurales.
Cette dégradation aggrave la menace de catastrophes naturelles telles que les ouragans, les inondations, la sécheresse et les tremblements de terre, auxquelles Haïti est particulièrement exposée. Cette combinaison de facteurs rend les gens encore plus vulnérables, surtout lorsqu'ils ne peuvent pas accéder à des emplois ou à des services de base comme les soins de santé et l'éducation.
Les recherches montrent que lorsque les gens sont plus vulnérables, notamment à la suite de catastrophes naturelles, ils sont plus susceptibles d'émigrer à la recherche de plus de sécurité et, en fin de compte, d'une vie meilleure.
Comment le recyclage du plastique s'inscrit-il dans ce contexte ?
Le recyclage du plastique présente un certain nombre d'avantages, notamment un environnement plus propre, moins pollué et donc plus sain. En outre, le recyclage crée des emplois, ce qui donne aux gens une raison de rester là où ils sont.
Le projet de l'OIM, en partenariat avec le gouvernement haïtien et les organisations de recyclage, cherche à multiplier les avantages du recyclage.
Pour ce faire, l’initiative mettra au point un matériau de construction innovant et durable à partir des déchets plastiques, qui pourrait être utilisé pour construire des maisons plus résistantes aux conditions climatiques extrêmes telles que les ouragans et les inondations, ainsi qu'aux catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre.
En réduisant le risque de catastrophes, moins de personnes seront touchées en temps de crise. Elles seront donc moins susceptibles d'être déplacées de chez elles et n'envisageront peut-être pas de migrer.
Le recyclage n'est pas la seule solution à la dégradation de l'environnement et à la migration, n'est-ce pas ?
Le recyclage n'est qu'une petite partie d'un ensemble d'interventions qui peuvent mettre fin à la dégradation de l'environnement et contribuer à ralentir les migrations irrégulières et dangereuses.
Le projet pourrait être vraiment utile pour créer des synergies avec d'autres aspects d'un programme d'action en faveur de l'environnement et du climat, notamment la reforestation, la production d'énergie durable et une économie circulaire où les matériaux considérés comme des déchets sont plutôt réutilisés que jetés.
Le projet pilote est financé par le Fonds de l’OIM pour le Développement.