Santé des femmes et des adolescentes : les Nations unies contribuent à améliorer la qualité et l’accessibilité des soins dans le Sud et la Grand’Anse d’Haïti.
A travers le projet inter-agences SSIAF, Les Nations unies renforcent l’accès des femmes et des adolescentes aux soins de santé reproductifs et maternels.
Daphna, 17 ans, accompagnée de sa petite sœur Chilove, 7 ans, font partie des 150 personnes qui sont venues des quatre coins de la commune pour recevoir des soins dans l’enceinte d’une église d’un hameau des environs de la ville de Côteaux (Sud), transformée pour l’occasion en clinique mobile. L’affluence d’aujourd’hui témoigne du besoin urgent en soins de santé pour la population de cette zone reculée.
« Il nous a fallu une heure de marche pour venir ici » explique la jeune fille qui attend de recevoir une ordonnance médicale pour sa sœur qui a des problèmes de gratelle. Elle explique qu’il leur aurait fallu se rendre au centre de santé de Les Anglais « à plus de deux heures de marche », sans la mise en place de cette clinique mobile. Après avoir consulté un médecin, elles se sont vu remettre un traitement gratuit.
Des services et soins de santé plus disponibles et accessibles
Ce type de clinique mobile est un des nombreux maillons du projet Services de Santé Intégrés pour les Adolescentes et les Femmes (SSIAF) initié à la suite du passage de l’ouragan Matthew en 2016 qui a ravagé le Sud et la Grand-Anse rendant difficile l’accès des populations aux services sociaux de base dont la santé. Ce projet inter-agences des Nations unies (UNFPA, OPS/OMS, UNICEF et ONUSIDA) vise à renforcer l’accès des femmes et des adolescentes aux soins de santé reproductifs et maternels ainsi que d’améliorer les soins de santé et la nutrition des nouveau-nés et des enfants. Depuis 2018, le projet SSIAF apporte son appui au Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et au Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), avec le soutien financier d’Affaires mondiales Canada. Les services de santé offerts sont appuyés par le travail des agents de santé communautaire polyvalents (ASCP), spécialisés dans la livraison de services de proximité pour les femmes et enfants en milieu reculé.
Mis en œuvre dans les arrondissements d’Aquin, Chardonnières, Corail et Anse d’Hainault, ce projet contribue entre autres à améliorer l’offre, l’accessibilité et la demande des services de soins de santé sexuelle et reproductive pour les femmes et les adolescentes. Une récente mission conjointe menée en avril dernier, entre les agences onusiennes et leurs partenaires a permis d’évaluer les progrès déjà accomplis par le projet et de recueillir les témoignages de bénéficiaires et de professionnels de santé qui le mettent en œuvre.
Janis, 19 ans, fait partie des 21500 femmes qui ont été prises en charge pendant leur accouchement dans les institutions de santé appuyées par le projet SSIAF depuis 2018. Elle s’est rendue au centre de santé de Les Anglais avec sa mère, Vélienne, 48 ans, qui 19 ans auparavant avait elle aussi accouchée de sa fille dans la même institution.
« J’ai accouché de mes 9 enfants ici dans cet hôpital. L’accueil et les services se sont beaucoup améliorés depuis. De mon temps, il n’y avait pas encore de services de césarienne par exemple ».
Janis a pu bénéficier des services du nouveau bloc opératoire de l’hôpital durant son accouchement. Ce centre fait partie des nombreuses institutions de la région ayant reçu un soutien financier pour renforcer leurs ressources humaines à travers le recrutement de sages-femmes, de médecins et la mise en place de formations sur la prise en charge des mères et des enfants.
« Ma matrone m’a conseillé de venir accoucher ici, parce qu’elle sait que la sage-femme allait prendre soin de moi mais aussi de ma fille », ajoute Janis.
Le soutien apporté au centre de santé de Les Anglais s’est traduit par une augmentation des accouchements institutionnels et une chute considérable des décès maternels et néonataux.
Répondre à la demande des populations plus vulnérables
En octobre 2020, la commune de Beaumont, située dans la Grand’Anse, a connu une remontée de cas de grossesse chez des adolescentes à la suite de violences sexuelles et de rapports consentis non protégés. Un total de 92 cas de grossesses précoces a été répertorié dont 45 liés à une seule école. L’hôpital de Beaumont a pu accompagner la majorité de ces jeunes femmes grâce au don de matériels de consultation prénatale, postnatale et de sages-femmes qualifiées.
« J’ai eu mes quatre consultations prénatales gratuites à l’hôpital. Mon accouchement s’est très bien passé » témoigne Fabiola, 17 ans, mère d’un garçon.
Ketia Lizaire, sage-femme en chef de la maternité de Beaumont, explique qu’avec le support de la direction départementale,« nous effectuons des séances de counseling et nous faisons la prise en charge médicale des survivantes de violence régulièrement».
Le partenariat avec les Unités d’Arrondissement de Santé (UAS) ont permis aux agents de santé communautaires de parcourir régulièrement les zones les plus reculées de la région, afin de sensibiliser les adolescentes et jeunes femmes aux choix de planification familiale disponibles et d’assurer un meilleur accès aux services de santé à la population.